Discours de Des Moines

Charles Lindbergh

Charles LindberghCela fait maintenant deux ans que cette dernière guerre européenne a commencé. Depuis ce jour de septembre 1939 jusqu'au moment présent, il y a eu une pression toujours plus grande pour obliger les Etats-Unis à entrer dans le conflit. 

Cette pression a été menée par des intérêts étrangers, et par une petite minorité de notre propre peuple ; mais elle a été si couronnée de succès qu'aujourd'hui, notre pays se trouve au bord de la guerre. 

En ce moment, alors que la guerre est sur le point d'entrer dans son troisième hiver, il semble approprié de revoir les circonstances qui nous ont conduits à notre situation actuelle. Pourquoi sommes-nous au bord de la guerre ? Etait-il nécessaire pour nous de nous impliquer si profondément ? Qui est responsable de ce changement de notre politique nationale, [passant] de la neutralité et de l'indépendance à l'implication dans les affaires européennes ? 

Personnellement, je crois qu'il n'y a pas de meilleur argument contre notre intervention qu'une étude des causes et des développements de la guerre actuelle. J'ai souvent dit que si les véritables faits et problèmes étaient placés devant les Américains, il n'y aurait pas de danger d'implication de notre part. 

Ici je voudrais vous signaler une différence fondamentale entre les groupes qui plaident pour une guerre étrangère, et ceux qui croient en une destinée indépendante pour l'Amérique. 

Si vous revoyez les événements passés, vous découvrirez que ceux d'entre nous qui s'opposent à l'intervention ont constamment essayé de clarifier les faits et les problèmes ; alors que les interventionnistes ont essayé de dissimuler les faits et d'embrouiller les problèmes. 

Nous vous demandons de lire ce que nous avons dit le mois dernier, l'année dernière, et même avant que la guerre commence. Notre passé est public et clair, et nous en sommes fiers. 

Nous ne nous avons pas menés par le subterfuge et la propagande. Nous n'avons pas eu recours à une politique des «petits pas», pour conduire les Américains là où ils ne voulaient pas aller. 

Ce que nous avons dit avant les élections, nous le disons encore et toujours, et toujours aujourd'hui. Et nous ne dirons pas demain que c'étaient seulement des discours électoraux. Avez-vous déjà entendu un interventionniste ou un agent de la Grande-Bretagne, ou un membre de l'Administration à Washington, vous demander de regarder en arrière, et d'étudier tout ce qu'ils ont dit depuis que la guerre a commencé ? Les défenseurs auto-proclamés de la démocratie sont-ils prêts à soumettre la question de la guerre à un vote de notre peuple ? Ces croisés de la liberté d'expression pour les pays étrangers, ou de la suppression de la censure, sont-ils visibles ici dans notre propre pays ? 

Le subterfuge et la propagande qui existent dans notre pays sont partout évidents. Cette nuit, je vais essayer d'en percer une partie, pour dévoiler les faits qui se trouvent en-dessous. 

Lorsque cette guerre a commencé en Europe, il était clair que les Américains étaient fermement opposés à une intervention. Pourquoi ne devions-nous pas l'être ? Nous avions la meilleure position défensive dans le monde ; nous avions une tradition d'indépendance vis-à-vis de l'Europe ; et la seule fois où nous avons pris part à une guerre européenne, les problèmes européens sont restés sans solution, et les dettes envers l'Amérique impayées. 

Les sondages nationaux ont montré que quand l'Angleterre et la France ont déclaré la guerre à l'Allemagne en 1939, moins de 10% de notre population étaient favorables à une conduite similaire de la part de l'Amérique. Mais il y avait certains groupes de gens, ici et à l'étranger, dont les intérêts et les croyances nécessitaient l'implication des Etats-Unis dans la guerre. Cette nuit, je vais désigner certains de ces groupes et je vais dévoiler quelles sont leurs méthodes d'action. En faisant cela, je dois parler avec la plus extrême franchise, car pour pouvoir contrecarrer leurs efforts, nous devons savoir exactement qui ils sont. 

Les trois groupes les plus importants qui ont fait pression sur ce pays en faveur de la guerre sont les Britanniques, les Juifs et l'Administration Roosevelt. 

Derrière ces groupes, mais en importance moindre, il y a un certain nombre de capitalistes, d'anglophiles et d'intellectuels qui croient que l'avenir de l'humanité dépend de la domination de l'Empire Britannique. Ajoutons à cela les groupes communistes qui étaient opposés à l'intervention il y a seulement quelques semaines, et je crois que j'aurai nommé les principaux agitateurs bellicistes dans ce pays. 

Ici je parle seulement des agitateurs bellicistes, pas de ces hommes et de ces femmes sincères mais trompés qui, égarés par le manque d'informations et effrayés par la propagande, suivent les agitateurs bellicistes. 

Comme je l'ai dit, ces agitateurs bellicistes forment seulement une petite minorité de votre peuple; mais ils exercent une formidable influence. Face à la détermination des Américains de rester en-dehors de la guerre, ils ont mobilisé la puissance de leur propagande, de leur argent, de leur clientèle. 

Voyons quels sont ces groupes, un par un. 

D'abord, les Britanniques : il est évident et parfaitement compréhensible que la Grande-Bretagne désire que les Etats-Unis entrent en guerre à ses cotés. L'Angleterre est à présent dans une position désespérée. Sa population n'est pas assez nombreuse et ses armées ne sont pas assez nombreuses pour pouvoir envahir le continent européen et gagner la guerre qu'elle a déclaré à l'Allemagne. 

Sa position géographique est telle qu'elle ne peut pas gagner la guerre en utilisant seulement l'aviation, quel que soit le nombre d'avions que nous lui envoyons. Même si l'Amérique entre dans la guerre, il est improbable que les armées alliées puissent envahir l'Europe et écraser les puissances de l'Axe. Mais une chose est certaine. Si l'Angleterre parvient à entraîner ce pays dans la guerre, elle pourra transférer sur nos épaules une grande partie de la responsabilité de sa conduite [de la guerre] et de son coût. 

Comme vous le savez tous, nous sommes restés avec les dettes de la dernière guerre européenne ; et à moins d'être plus prudents dans le futur que nous ne l'avons été dans le passé, nous resterons avec les dettes de l'affaire actuelle. Si l'Angleterre n'avait pas l'espoir de nous faire devenir responsables de la guerre, financièrement aussi bien que militairement, je crois qu'elle aurait négocié la paix en Europe depuis déjà plusieurs mois, et elle aurait mieux fait d'agir ainsi. 

L'Angleterre a consacré, et continuera à consacrer tous ses efforts pour nous entraîner dans la guerre. Nous savons qu'elle a dépensé d'énormes sommes d'argent dans ce pays pendant la dernière guerre pour pouvoir nous impliquer. Des Anglais ont écrit des livres concernant l'habileté de leur utilisation [de ces sommes d'argent]. 

Nous savons que l'Angleterre dépense de grandes sommes d'argent pour sa propagande en Amérique pendant la présente guerre. Si nous étions Anglais, nous ferions la même chose. Mais notre intérêt se trouve d'abord en Amérique ; et en tant qu'Américains, il est essentiel pour nous de comprendre l'effort que font les intérêts britanniques pour nous entraîner dans la guerre. 

Le deuxième groupe important que j'ai mentionné est le groupe juif. 

Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi les Juifs désirent le renversement de l'Allemagne nazie. La persécution qu'ils subissent en Allemagne serait suffisante pour transformer toute autre race en ennemie amère [de l'Allemagne]. 
 

London Daily Express, March 24, 1933: "Judea Declares War on Germany! ... A strange and unforeseen sequel has emerged from the stories of German Jew-baiting. The whole of Israel throughout the world is uniting in declaring an economic and financial war on Germany...."

Aucune personne ayant le sens de la dignité humaine ne peut fermer les yeux sur la persécution de la race juive en Allemagne. Mais aucune personne honnête et lucide ne peut considérer leur politique belliciste ici aujourd'hui, sans voir les dangers impliqués par une telle politique, à la fois pour nous et pour eux. Au lieu de faire campagne pour la guerre, les groupes juifs dans ce pays devraient s'y opposer de toutes les manières possibles car ils seront parmi les premiers à en subir les conséquences. 

La tolérance est une vertu qui dépend de la paix et de la force. L'histoire montre qu'elle ne peut pas survivre à la guerre et aux dévastations. Quelques Juifs clairvoyants le comprennent et sont opposés à l'intervention. Mais la majorité ne l'est pas encore. 

Le plus grand danger pour ce pays réside dans leurs grandes parts de propriétés et leur grande influence dans notre cinéma, notre presse, notre radio et notre gouvernement. 

Je n'attaque ni les Juifs ni les Britanniques. Les deux races, je les admire. Mais je dis que les dirigeants des deux races britannique et juive, pour des raisons qui sont aussi compréhensibles de leur point de vue qu'elles sont inapprouvables du nôtre, pour des raisons qui ne sont pas américaines, souhaitent nous impliquer dans la guerre. 

Nous ne pouvons pas les blâmer de rechercher ce qu'ils croient être leurs propres intérêts, mais nous devons aussi rechercher quels sont les nôtres. Nous ne pouvons permettre aux passions et aux préjugés naturels des autres peuples de conduire notre pays à la destruction. 

L'Administration Roosevelt est le troisième groupe puissant qui a poussé ce pays vers la guerre. Ses membres ont utilisé la crainte de la guerre pour obtenir un troisième mandat présidentiel, pour la première fois dans l'histoire de l'Amérique. Ils ont utilisé la guerre pour ajouter des milliards à une dette qui était déjà la plus grande que nous ayons jamais connue. Et ils viennent d'utiliser la guerre pour justifier la restriction du pouvoir du Congrès, et la mise en place de procédures dictatoriales de la part du président et de ses employés. 

Le pouvoir de l'Administration Roosevelt dépend maintenant de la menace de guerre. Le prestige de l'Administration Roosevelt dépend du succès de la Grande-Bretagne à laquelle le président a lié sa politique future à un moment où la plupart des gens pensaient que l'Angleterre et la France gagneraient facilement la guerre. Le danger de l'Administration Roosevelt réside dans ses subterfuges. Alors que ses membres nous avaient promis la paix, ils nous ont conduits à la guerre au mépris du programme sur lequel ils avaient été élus. 

En sélectionnant ces trois groupes comme principaux agitateurs bellicistes, j'ai compté seulement ceux dont l'appui est essentiel pour le parti de la guerre. Si l'un de ces groupes -- les Britanniques, les Juifs, ou l'Administration -- cesse sa campagne belliciste, je crois qu'il y aura peu de danger d'une implication de notre part. 

Je ne crois pas que seulement deux d'entre eux soient assez puissants pour mener ce pays à la guerre sans l'appui du troisième. Et comparés à ces trois-là, comme je l'ai dit, tous les autres groupes favorables à la guerre sont d'importance secondaire. 

Quand les hostilités ont commencé en Europe, en 1939, ces groupes comprirent que les Américains n'avaient pas l'intention d'entrer dans la guerre. Ils savaient qu'il serait plus qu'inutile de nous demander [notre avis] au sujet d'une déclaration de guerre à cette époque. Mais ils pensaient que ce pays pouvait être entraîné dans la guerre à peu près de la même manière que nous l'avons été dans la précédente. 

Leurs plan était : premièrement, de préparer les Etats-Unis à une guerre étrangère sous le masque de la défense de l'Amérique ; deuxièmement, de nous impliquer dans la guerre, pas à pas, sans que nous en ayons conscience ; troisièmement, de créer une série d'incidents qui nous forceraient à entrer dans le conflit réel. Ces plans, bien sûr, devaient être camouflés et assistés par toute la puissance de leur propagande. 

Nos théâtres furent bientôt remplis de pièces décrivant la gloire de la guerre. Les actualités [cinématographiques] perdirent toute trace d'objectivité. Les journaux et les magazines commencèrent à perdre des appuis publicitaires s'ils publiaient des articles opposés à la guerre. Une campagne de diffamation fut entamée contre les individus qui s'opposaient à l'intervention. Les expressions «membre de la cinquième colonne», «traître», «nazi», «antisémite» furent appliqués sans cesse à tous ceux qui osaient suggérer que ce n'était pas l'intérêt des Etats-Unis d'entrer dans la guerre. Des hommes perdirent leur emploi parce qu'ils étaient ouvertement opposés à la guerre. Beaucoup d'autres n'osèrent plus s'exprimer. 

En peu de temps, les salles de conférences qui étaient ouvertes aux propagandistes en faveur de la guerre furent fermées aux orateurs qui s'y opposaient. Une campagne de peur fut entamée. On nous dit que l'aviation, qui avait tenu la flotte britannique à distance du continent européen, rendait l'Amérique plus vulnérable que jamais à une invasion. La propagande était en pleine action. 

Il n'y eut aucune difficulté pour obtenir des milliards de dollars pour les armements sous le prétexte de la défense de l'Amérique. Notre peuple se retrouva uni derrière un programme de défense. Le Congrès vota crédit sur crédit pour des canons et des avions et des navires de guerre, avec l'approbation de l'écrasante majorité de nos concitoyens. Qu'une grande partie de ces crédits devait être utilisée pour fabriquer des armes pour l'Europe, nous ne l'avons appris que plus tard. Ce fut un nouveau pas. 

Pour citer un exemple particulier : en 1939, on nous dit que nous devions augmenter notre force aérienne jusqu'à un total de 5 000 avions. Le Congrès vota la législation nécessaire. Quelques mois plus tard, l'Administration nous dit que les Etats-Unis devraient avoir au moins 50 000 avions pour notre sécurité nationale. Mais presque aussi vite que les avions de combat étaient sortis des usines, ils furent envoyés à l'étranger, bien que notre propre force aérienne ait le plus extrême besoin de nouveaux équipements ; et ainsi aujourd'hui, deux ans après le début de la guerre, l'armée américaine possède quelques centaines de bombardiers et de chasseurs vraiment modernes -- en fait moins que l'Allemagne peut en produire en un seul mois. 

Depuis son lancement, notre programme d'armements a été conçu dans le but d'amener des armes en Europe, bien plus que dans le but de construire une défense adéquate pour l'Amérique. 

Or dans le même temps on nous préparait à une guerre étrangère, c'était nécessaire, comme je l'ai dit, pour nous impliquer dans la guerre. Cela fut accompli selon cette expression maintenant fameuse des «petits pas vers la guerre». L'Angleterre et la France gagneraient si les Etats-Unis abrogeaient simplement l'embargo sur les armes et leur vendaient des munitions en cash, nous dit-on. Et alors [illisible] on commença à entendre un refrain qui a marqué chaque pas que nous avons fait vers la guerre depuis de nombreux mois : «le meilleur moyen de défendre l'Amérique et de la garder en-dehors de la guerre», nous dit-on, était «d'aider les Alliés». 

D'abord, nous avons été d'accord pour vendre des armes à l'Europe ; ensuite, nous avons été d'accord pour prêter des armes à l'Europe ; ensuite, nous avons été d'accord pour patrouiller dans l'océan [Atlantique] pour l'Europe ; ensuite nous avons occupé une île européenne [l'Islande, en juillet 1941, NDT] dans la zone de guerre. A présent, nous sommes au bord de la guerre. 

Les groupes bellicistes ont réussi les deux premiers de leurs trois principaux pas vers la guerre. Le plus grand programme d'armement de notre histoire est en cours. 

Nous sommes devenus impliqués dans la guerre sous pratiquement tous les points de vue excepté les tirs réels. Seule la création «d'incidents» suffisants manque encore ; et vous voyez déjà le premier de ceux-ci se mettre en place, selon le plan prévu -- un plan qui ne fut jamais exposé devant les Américains pour qu'ils puissent l'approuver. 

Hommes et femmes de l'Iowa : une seule chose tient ce pays hors de la guerre aujourd'hui. C'est l'opposition grandissante des Américains. Notre système de démocratie et notre gouvernement représentatif est aujourd'hui à l'épreuve, comme il ne l'a jamais été auparavant. Nous sommes au bord d'une guerre dans laquelle le seul vainqueur serait le chaos et la prostration. 

Nous sommes au bord d'une guerre pour laquelle nous sommes encore non préparés, et pour laquelle personne n'a proposé un plan plausible de victoire -- une guerre qui ne peut pas être gagnée sans envoyer nos soldats par-dessus l'océan pour forcer un débarquement sur une côte hostile contre des armées plus fortes que les nôtres. 

Nous sommes au bord de la guerre, mais il n'est pas encore trop tard pour rester en dehors. Il n'est pas encore trop tard pour montrer qu'aucune somme d'argent, ou de propagande, ou d'intérêts clientélistes, ne peut obliger un peuple libre et indépendant à entrer dans une guerre contre sa volonté. Il n'est pas encore trop tard pour retrouver et pour maintenir la destinée américaine indépendante que nos ancêtres ont établie dans ce nouveau monde. 

Tout l'avenir repose sur nos épaules. Il dépend de notre action, de notre courage, et de notre intelligence. Si vous êtes opposés à notre intervention dans la guerre, maintenant c'est le moment de faire entendre votre voix. 

Aidez-nous à organiser ces meetings ; et écrivez à vos représentants à Washington. Je vous dis que le dernier bastion de la démocratie et du gouvernement représentatif dans ce pays est dans notre Chambre des Représentants et notre Sénat. 

Là, nous pouvons encore faire connaître notre volonté. Et si nous, les Américains, faisons cela, l'indépendance et la liberté continueront à vivre parmi nous, et il n'y aura pas de guerre étrangère. 


Discours de Des Moines (Iowa), 11 septembre 1941.

 

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